mardi 14 février 2012

Changement de paradigmes en éducation

Le visionnement de la vidéo sur youtube m'a rappelé une allégorie qu'on nous avait fait lire au bac en enseignement. De mémoire, on y présentait l'école comme une série d'épreuves qu'il faillait réussir pour être déclaré "élève brillant". Ainsi, par exemple, à l'épreuve de nage, le poisson se classa 1er alors que les autres échouèrent lamentablement. Lors de l'évaluation orale, c'est le perroquet qui fut couronné vainqueur. Le singe fut le meilleur pour grimper aux arbres alors que la gazelle remporta la course à pied. Pourtant, tous ces animaux étaient des cancres puisqu'incapables de réussir l'ensemble des "matières" exigées. Le 1er de classe fut une sorte d'anguille difforme avec des pattes. Demandons-nous à nos élèves d'être cette anguille?

Il est vrai que l'école met les enfants dans un moule comme cette allégorie. D'ailleurs, il existe un pilule pour ceux qui ne sont pas comme les autres. Or, le but de l'éducation est de donner à la jeune génération tout ce qu'il lui faut pour "vivre" longtemps. Nous commençons très tôt à éduquer socialement nos enfants. L'humain ne pouvant vivre seul, il devient primordial d'acquérir rapidement les habiletés sociales nécessaires pour survivre. Ceux qui ne réussissent pas, qui ne rentrent pas dans le moule, sont exclus et on les retrouve souvent errant dans les rues ou peuplant les prisons. Puis, à mesure que les jeunes grandissent, la génération précédente leur transmettent les connaissances techniques qui assureront également leur survie. Si la chatte montre à ses chatons à chasser, si nos ancêtres lointains enseignaient à leur progéniture comment faire une lance, nous, nous montrons à la nôtre comment lire. Voilà, selon moi, le but de l'éducation. Nous ne pouvons donc pas changer cet objectif sans changer la nature même de la vie, c'est à dire, survivre assez longtemps pour avoir des enfants et ainsi assurer la pérennité de la race. C'est bête, mais c'est comme ça.

Donc, puisqu'on ne peut rien y changer, il faut adapter l'enseignement à chaque enfant. Toutefois, nous, en tant que pédagogue, nous avons fait des études universitaires. Nous avons donc fait preuve d'une grande persévérance scolaire. C'est donc dire que le cadre scolaire tel que nous le connaissons répondait à notre mode d'apprentissage et favorisait notre réussite scolaire. Autrement dit, nous étions bien adaptés à l'école. Notre réflexe premier est donc d'enseigner selon la méthode qui a réussi pour nous. Notre cerveau fonctionnant de cette manière, devoir adapter notre enseignement aux enfants de type simultané non verbal  par exemple, demande un grand effort d'imagination. Faudrait-il alors faire les groupes en fonction des modes d'apprentissage et former des enseignants pour chacun de ceux-ci?

Existerait-il une solution durable qui assurerait la persévérance scolaire de tous? Renald Legendre, dans son livre Entre l'Angoisse et le Rêve, propose une solution qui semble logique. En investissant massivement dans l'éducation, nous aurons une génération d'enfants mieux formés. Ces enfants, devenus adultes, formeront mieux la génération suivante et ainsi de suite. En principe, avec les années, nous devrions avoir des adultes de mieux en mieux formés capables de trouver de meilleurs solutions aux problèmes rencontrés. Mais n'est-ce qu'un rêve? Renald legendre tient-il compte de l'âge de notre cerveau? Celui-ci n'ayant pas évolué depuis des millions d'années, pourrons-nous résoudre tous les problèmes que nous génèrerons avec cet outil technologique archaïque?

Ouf! Je m'arrête ici, ce n'est qu'un blog après tout. J'ai soulevé plus de questions que je n'ai amené de réponses, mais peut-être qu'avec toutes nos têtes, nous trouverons des pistes de solutions.

Je vous laisse la références de Legendre. C'est un ouvrage très théorique, la synthèse de toutes les réflexions de l'auteur sur l'éducation et la société. C'est peut-être un peu lourd, mais tout de même très intéressant. Donc, si le coeur vous en dit...
Legende, R. (1995). Entre l'angoisse et le rêve. Montréal: Les éditions Guérin.

1 commentaire:

  1. Wow! Quel billet intéressant! J'aime bien que tu plonges comme ça dans tes réflexions, sans trop censurer, pour partager tes questionnements et mettre des cartes sur la tables. A nous de jouer le jeu maintenant et de faire avancer la réflexion collective... J'ai hâte de voir si des commentaires de tes collègues viendront enrichir le débat... :-)
    P.S. Super d'offrir une référence pour compléter et alimenter la réflexion.

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